Brève description / annotation

Crayon de couleur, mine de plomb, fusain, craie grasse, pastel, encre de Chine, pigment, gouache, acrylique, verni... La palette des techniques de Claire Nicole est d'une variété vertigineuse, palette qu'elle s'applique depuis des décennies à mélanger, à conjuguer au cours d'infinies déclinaisons. Nulle surprise, donc, à ce que le monotype, cette technique d'impression particulière, à tirage unique, d'un dessin à l'encre, à la gouache ou à l'huile sur un support de verre ou de métal, constitue un des aspects majeurs de son oeuvre prolixe. En 2018, au carrefour du dessin, de la peinture et de l'estampe, Claire Nicole réalise trente monotypes à l'encre noire à taille-douce sur des papiers préparés, peints ou de magazine, récupérés, parfois, il y a des années. Chaque feuille est à la fois semblable et unique, constituant une même histoire racontée par bribes, celle du cheminement intérieur, ou plutôt une partition, faite de variations sur le même thème. Deux ans plus tard, l'artiste revient au monotype, choisissant cette fois la manière claire, imprimant à la paume, à la cuiller ou à la raclette. Il en résulte une cinquantaine de pièces, réparties en « séries » selon la dominance des couleurs et des tons (série verte, grise, pointillée, etc.). Çà et là, des déchirures interviennent : au moment du retrait de la plaque, la surface du papier, adhérant à la couleur, a été arrachée, laissant apparaître le blanc de sa matière - imprévus qui sont autant d'actes de création à part entière. Comme d'ordinaire chez Claire Nicole, c'est le geste qui donne naissance à l'image, et non pas une image mentale qui est à l'origine du geste artistique. Un théâtre d'ombres mouvantes, fascinantes, qui, exempt de toute velléité explicative ou illustrative, restitue au spectateur la gamme des émotions que le bruissement du monde éveille en l'artiste, sans rien déflorer de son mystère. Une démarche aussi singulière qu'obstinée pour s'émanciper au possible de la ligne et des angles, d'une géométrie trop stricte, et parvenir, enfin, à une forme de liberté et de plénitude rarement atteinte dans l'art contemporain.

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